Comme beaucoup d’autres bibliothèques suisses, la Bibliothèque de Neuchâtel est issue des Lumières, une époque marquée par une intense fermentation littéraire et scientifique. Elle est créée en 1788 grâce à des fonds prélevés sur le legs de David de Pury à la Ville de Neuchâtel. Ses premiers locaux se situent à l’angle sud-est du premier étage de la «Maison du Trésor».
Une Commission littéraire, nommée par le Conseil général, est chargée de constituer le premier fonds de livres. Elle traite avec les libraires de la place et est à l’affût des ventes de bibliothèques neuchâteloises. En 1795, elle profite ainsi de la dispersion de la belle collection de Pierre-Alexandre DuPeyrou, l’ami et protecteur de Rousseau, pour se procurer quelques belles pièces. Mais c’est de Paris que proviennent les premières belles collections, émanant pour la plupart de bibliothèques particulières vendues aux enchères. Les premières années de la Bibliothèque sont marquées par des dons importants de manuscrits: en 1794, ce sont les papiers du professeur Louis Bourguet qui y sont déposés, comprenant des lettres d’illustres correspondants du savant: Wolff, Réaumur, Vallisnieri, etc.
L’année 1795 voit arriver un don exceptionnel: les manuscrits de Jean-Jacques Rousseau. Riches de quelque 2800 lettres originales dont 800 signées du philosophe, ils feront de la Bibliothèque un centre d’étude de portée internationale. En 1803, la Bibliothèque doit quitter le bâtiment du Trésor, trop humide, pour le second étage de l’Hôtel de Ville. Ce n’est qu’en 1838 qu’elle trouve un logement définitif dans le Collège latin, nouvellement construit pour abriter les collections historiques, ethnographiques, artistiques et scientifiques de la Ville, les classes secondaires et les auditoires de l’Académie ainsi que quelques ateliers de peinture. Elle y occupe, au début, quatre belles grandes salles au second étage est. La fonction universitaire de la Bibliothèque est reconnue en 1909 lors de l’érection de l’Académie en Université. La même année, elle s’ouvre au grand public avec la création d’une section de «lectures populaires». En 1968, cette section est aménagée en libre accès dans des locaux distincts sous le nom de « Lecture publique» de la Bibliothèque de la Ville.
La transformation de la Bibliothèque se poursuit au début des années 1980 après le déménagement du Musée d’histoire naturelle qui libère d’importantes surfaces dans le Collège latin. La Bibliothèque se dote alors d’une nouvelle section de Lecture publique au second étage ouest du bâtiment, de la Salle Rousseau, d’une salle de conférence qui abrite le fonds Edouard Rott, de nouveaux magasins et d’une chambre forte.
Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel
Sous l’appellation de « Bibliothèque publique et universitaire », l’institution devient, en 1983 (voir les textes constitutifs en PDF) , une fondation de droit privé financée à la fois par la Ville et l’Etat. Sa tâche est alors triple : sauvegarder le patrimoine culturel régional, servir de bibliothèque d’étude à l’Université et aux écoles secondaires supérieures, et répondre aux besoins du public en information et en culture générale. Elle entretient par ailleurs des relations privilégiées avec les sociétés savantes neuchâteloises, auxquelles elle fournit de nombreuses prestations. En 1989, elle s’équipe d’un système informatisé de gestion de bibliothèque intégré pour ses services locaux (prêts, acquisitions, périodiques) et se rattache au réseau suisse romand RERO de catalogage partagé. Elle est à l’origine de la création, en 1996, du « Réseau des bibliothèques neuchâteloises et jurassiennes» (RBNJ), un partenariat entre la Bibliothèque de la Ville de La Chaux-de-Fonds, les Bibliothèques de l’Université, la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel et les principales bibliothèques jurassiennes, qui permet la gestion centralisée des fonctions de prêt et de consultation. Par ailleurs, ces collaborations lui donnent accès à un énorme espace documentaire en lui offrant la possibilité de se relier à de multiples bases de données suisses et étrangères. Ils en font une bibliothèque moderne et performante, résolument ouverte sur le futur et les technologies de pointe en matière d’information.