Du 15 mai au 12 septembre 2009
Les ouvrages présentés dans cette exposition évoquent des voyages réalisés au Levant et en Asie entre 1632 et 1806. Ils ne représentent bien sur qu'un échantillon des richesses de notre institution dans ce domaine. Ils ont été choisis, parmi beaucoup d'autres, pour leur intérêt scientifique et la qualité de leurs illustrations. Les grandes vues panoramiques de Jérusalem, Constantinople ou d'Ispahan, dessinées par Corneille Le Brun (1652-1726/7), les subtiles compositions de William Alexander (1767-1818) et de Chrétien-Louis-Joseph de Guignes (1759-1845) en Chine sont des documents exceptionnels qui font aujourd'hui encore l'admiration des connaisseurs.
Le Levant désigne ici les pays situés dans la région orientale de la Méditerranée, soit principalement, la Turquie, la Syrie, le Liban, la Palestine, l'Egypte et l’ile de Chypre. Dans cette acception, le terme est courant du XVIe au XVIIIe siècle. Nombreux sont les voyageurs qui l'utilisent dans leur récit.
L’Asie correspond à la définition en usage aujourd'hui. Elle est délimitée a l'ouest par l'Oural et le Caucase, au sud-ouest par la mer Rouge et la Méditerranée, au nord par l'océan Arctique, a l’est par le Pacifique et au sud par l'océan Indien. Certaines délimitations - avec l'Europe, l'Océanie et l'Afrique - prêtent cependant à contestation. Des géographes considèrent que l'Arménie et la Géorgie devraient faire partie de l'Europe, que le Sinaï devrait être rendu a l'Afrique, etc.
Des quinze récits présentés dans cette exposition, un seul porte sur le Levant (Corneille Le Brun). Les autres concernent la plupart des grandes régions de l'Orient et de l'Extrême-Orient, à l'exception de l'Asie centrale: sept relations ont trait a la Chine; trois à la Perse et à l'Inde; deux à la Sibérie; une à la Birmanie et une au Japon.
Les voyages sont de nature et d’importance très différentes. Des expériences individuelles côtoient de grandes missions diplomatiques associant de nombreux participants.
Les objectifs sont variés : ils peuvent être politiques, économiques, scientifiques, etc., se superposant dans plusieurs cas. La recherche du profit domine cependant : Tavernier et Chardin sont des marchands en quête de bonnes affaires sur les routes de Perse et des Indes; les missions diplomatiques en Birmanie, en Chine et au Japon organisées par les compagnies anglaises et néerlandaises des Indes orientales poursuivent essentiellement des objectifs commerciaux.
Honorables en apparence, les voyages scientifiques, organisés et financés par les gouvernements, ne sont pas non plus tout à fait désintéresses. En participant à la découverte du globe, les nations nourrissent des projets de colonisation et espèrent obtenir de nouveaux marchés. Le voyage autour du monde de La Pérouse (1785-1788) auquel participe Barthélemy de Lesseps, charge de rapporter en France depuis le Kamtchatka des documents établis par l'expédition, ne fait pas exception à la règle. En revanche, seule la cause de la science pourrait avoir inspire le voyage de Jean Chappe d'Auteroche en Sibérie pour observer, en juin 1761, le passage de Venus devant le soleil.
Jusqu'au XVIIIe siècle, les particuliers qui voyagent par agrément et à leurs frais sont rares, car les déplacements exigent des moyens considérables. Un de nos voyageurs appartient néanmoins à cette catégorie d'exception: l'artiste peintre Corneille Le Brun qui passe vingt-sept ans à parcourir l'Europe, le Levant et l'Orient, sans ressources apparentes, en monnayant sans doute son talent à des hôtes complaisants.
Les pays du Levant et d’une grande partie de l'Asie sont, pour la plupart, des terres bien connues des Européens à l'époque classique. Ceux-ci se sont infiltrés presque partout en implantant des missions religieuses, des comptoirs on des places fortes. Certes, leur présence se limite, dans de nombreux car, aux régions côtières ou aux frontières de certains Etats. Ils ne peuvent ainsi pénétrer librement en Chine ni au Japon qu'ils connaissent cependant grâce aux informations reçues des jésuites ou d'autres religieux. La Sibérie orientale, aux confins de l'Asie, si peu accessible en raison de la rigueur de son climat, est alors une des dernières régions qui s'enveloppe d'un certain mystère.
L’exploration a ainsi peu de part dans ces ouvrages ou le voyage se déroule dans des contrées depuis longtemps reconnues, selon des itinéraires souvent parcourus, ce qui n'exclut pas cependant l'aventure ni la découverte.