Du 3 octobre au 15 novembre 2009
Le legs par sa famille des archives de Marcel North est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire des acquisitions de la Bibliothèque publique et universitaire de Neuchâtel.
Car, enrichi encore ultérieurement par les dons de M. Pierre Uhler, il s’agit d’un ensemble très complet, qui témoigne du foisonnement et de la vitalité de l’œuvre. Né à Dorking (Surrey), Marcel North a survolé la scène littéraire et artistique neuchâteloise pendant une bonne soixantaine d’années. Touchant à tout ce qui peut s’animer sous sa vision et ses doigts, il est partout à la fois, illustrant et publiant des dizaines d’ouvrages commandés par les éditeurs et les entreprises du pays, créant régulièrement des décors et des costumes pour les compagnies théâtrales de la place, signant sous le pseudonyme d’Olive des billets pour le journal local ou des hebdomadaires, exposant ses dessins, ses aquarelles et ses gravures dans les galeries neuchâteloises et suisses romandes. Avec un art de l’observation des petits travers de ses concitoyens (qu’ils soient anglais ou neuchâtelois…), une virtuosité de bel aloi, un pétillement perpétuel qui emportent l’adhésion au premier regard ! Mais c’est aussi l’homme des paysages, des représentations minutieuses de ce qui l’entoure, de l’œil en goguette dans les rues de la ville qui est devenue la sienne, à travers le canton et le pays dans lequel il s’est incontestablement fondu.
La notoriété et les succès de l’artiste tiennent d’abord à son talent d’illustrateur. Il avait à peine vingt ans quand Robert Télin, un éditeur suisse établi à Paris, lui a donné sa première chance en lui demandant d’illustrer Le Testament de François Villon, paru en 1929. Depuis lors, ses réalisations dans ce domaine n’ont cessé de témoigner de la qualité et de l’originalité d’un art inimitable et reconnaissable entre tous par sa verve jubilatoire, l’expressivité du trait et son goût subtil de la caricature, donnant à tout ce qu’il touche l’éclat de la vie.
Le fonds Marcel North reflète très exactement la richesse de cette activité créatrice : œuvres de jeunesse, carnets de croquis, suites d’eaux-fortes, linographies, lithographies, dessins originaux de toutes techniques, ouvrages précieux, manuscrits, maquettes de livres, projets pour le théâtre, articles illustrés ou non, travaux de commande en tous genres, plaques de cuivre… Auxquels s’ajoutent des papiers personnels, une correspondance échangée avec ses proches (sa mère notamment) et surtout un important lot de lettres de Conrad Meili auprès de qui il a fait son apprentissage de dessinateur et de graveur avant de rallier l’Ecole des arts décoratifs de Strasbourg, en 1926. De l’adolescence à l’âge mature, en passant par le séjour à Londres, entre 1933 et 1935, on traverse toute l’épaisseur de son itinéraire artistique.
Pour marquer en même temps notre gratitude envers les donateurs et le centième anniversaire de la naissance de cet artiste hors du commun, la Bibliothèque publique et universitaire a décidé, d’une part, de présenter au public une petite partie de la richesse de ce fonds à travers cette exposition et, d’autre part, de lui consacrer un volume de sa collection « Patrimoine ». Y sont retracées les grands étapes de son parcours et y figurent l’inventaire complet du fonds ainsi que la bibliographie de l’œuvre.